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Magazine des jeux en ligne

Test inFamous


2009 | PS3

Ce qui fait généralement la renommée d’une console, c’est l’ensemble de ses exclusivités, les bonnes cela va de soi. Dans le but d’en offrir une de plus à la PlayStation 3, Sony Computer Entertainment et Sucker Punch, le studio responsable des Sly Racoon, ont annoncé en 2007 le développement d’un tout nouveau jeu nommé inFamous. Sorte de GTA-like fantastique induisant des choix moraux, celui-ci a attisé la curiosité de bien des joueurs, d’une part par l’originalité sur le papier du projet et d’autre part grâce à la renommée de l’équipe de développement. Deux ans après l’annonce de cette nouvelle franchise, Cole (le héros) est rechargé à bloc pour nous électriser. Reste à voir si un trop plein d’électricité est grisant ou répulsif…

Un éclair de génie…

Suite à une explosion qui ravage Empire City, le gouvernement décide de mettre en quarantaine le secteur. Les accès sont coupés, le chaos règne un peu partout et le contexte devient propice à l’anarchie. Des gangs se créent et de grands méchants, les Faucheurs, rôdent pour faire appliquer la loi de la terreur. Au beau milieu de ce foutoir on retrouve Cole, un homme comme les autres qui en un éclair de secondes, suite à la catastrophe, se découvre des pouvoirs : possibilité d’emmagasiner de l’énergie électrique et de la restituer de différentes façons, résistance extrême du corps offrant la possibilité de sauter d’un immeuble de plus de vingt étages sans même se casser un ongle… Pour l’originalité, finalement on repassera, et ce n’est pas l’accord passé avec un agent féminin du FBI (Moya Jones) pour faire échapper notre personnage contre un bon service de nettoyage ou le soutien d’un Zeke complètement ridicule qui changent la donne.

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Néanmoins, rapidement on découvre l’une des forces du titre : les cinématiques dans un style comics très bien rendu (félicitations aux chefs pour le coup) offrant une vision sombre d’un héros torturé, le tout servi avec des dialogues de bonne facture malgré quelques conversations légèrement moins intéressantes. Enfin, entre les trahisons, rebondissements et autres mystères qui entourent l’aventure, il faut bien avouer que celle-ci a suffisamment été bien construite pour donner l’envie au joueur de continuer. Malgré tout, on regrette que les développeurs aient abusé de clichés et autres grosses ficelles qui permettent d’anticiper certains points de l’histoire et que l’on ait la fâcheuse impression qu’elle est parfois reléguée au second plan avec des séquences de jeu enchaînant plusieurs cinématiques et d’autres qui en sont totalement dépourvues, les petites cut-scenes réalisées avec le moteur du jeu étant bien peu originales et vite oubliables. En effet, ces dernières ne servent qu’à donner des objectifs au joueur.

Notons là une particularité du soft : celui-ci propose une ville en open world composée de trois îles à débloquer au fil de l’aventure, ce qui signifie qu’il est possible de se déplacer librement dans toute la surface de jeu. Si ceci peut être utile pour aller chercher des missions secondaires très répétitives afin de sécuriser des quartiers ou essayer de trouver des antennes émettrices et autres fragments à collecter, il faut bien avouer que la plupart du temps on se déplace d’un point A à un point B, comme le veut la grosse majorité des objectifs principaux. Ces derniers, assez variés, n’en restent donc pas moins dirigistes. De plus, si certaines missions sont très agréables à parcourir, d’autres sont rébarbatives à cause d’un rythme haché menu. Au final on en ressort, après quinze à vingt heures de jeu (selon le niveau de difficulté et le nombre de missions secondaires accomplies) avec plusieurs impressions : d’un côté on a une liberté d’action grâce au monde ouvert, des missions variées mais de qualités inégales, des objectifs secondaires, un scénario qui tient tout de même la route et de l’autre on a une certaine répétitivité, une avancée très dirigiste et des clichés. Un constat plutôt mitigé auquel il manque encore bien des éléments…

Spider-Man : Le Règne des Ombres + Electro + Live Wire = inFamous

Si le concept du jeu paraissait original sur le papier, il faut bien avouer qu’à la sortie du titre, celui-ci n’est ni plus ni moins qu’une sorte de reproduction, en un peu mieux tout de même, de Spider-Man : Le Règne des Ombres (dont il reprend l’idée du Karma qui sera développée plus tard) avec un homme-araignée remplacé par un mixe entre l’un de ses ennemis, à savoir Electro, et Live Wire, alias Garth Ranzz de la Légion des Super-Héros. En effet, Cole dispose de nombreux pouvoirs électriques et on sent bien que les développeurs se sont inspirés des personnages de comics cités pour façonner le leur. Si l’originalité n’est pas le fort de cet inFamous, il faut bien avouer que celui-ci a tout de même de sérieux atouts, à commencer par un gameplay très efficace. Le fait de ne pouvoir utiliser que de l’électricité a de quoi laisser perplexe, mais Sucker Punch a essayé d’exploiter le filon tant que possible (pas au maximum malheureusement, certaines idées au niveau des interactions et de l’électromagnétisme auraient pu être ajoutées mais soit). Ainsi, le joueur peut détecter toute source d’électricité en appuyant sur le stick droit, emmagasiner celle-ci grâce à une gâchette, envoyer des décharges électriques pour éliminer ses ennemis, créer des champs répulsifs pour pousser des obstacles par exemple, envoyer des sortes de grenades d’énergie, se battre au corps à corps, immobiliser ou achever une personne/un ennemi, envoyer une décharge pour secourir un innocent mal en point, planer grâce à des sortes de propulseurs électriques (générés au niveau de la paume des mains par un condensé d’énergie), se déplacer rapidement sur des rails ou des fils électriques, exécuter des tirs de précision coûteux en énergie, etc.

Il y a vraiment de quoi varier les plaisirs et, les pouvoirs étant déblocables et améliorables grâce à un système de points d’expérience (à accumuler en remplissant les objectifs et en exécutant certaines actions), notre cher Cole gagne petit à petit en puissance et cela se ressent. Cette sensation de pouvoir s’accentue donc au fil des heures et elle est extrêmement grisante (même si on a parfois l’impression de se servir toujours des mêmes pouvoirs), surtout qu’inFamous propose une gestion du Karma permettant d’être aussi bon qu’infâme ! Faire le bien ou le mal ? Telle est la question qui se pose dans le jeu. Non seulement à chaque instant on peut prendre une certaine direction, en semant le chaos ou en aidant la population, mais en plus, au cours des missions, nous avons des choix moraux à faire. Ceux-ci sont très brutaux (bon ou mauvais) et permettent d’affiner l’alignement de notre Cole. Si les choix n’influent pas grandement sur le scénario, ils opèrent principalement sur le physique de notre personnage, sur les pouvoirs qu’il peut acquérir/utiliser (plus il est méchant, plus il peut être destructeur et plus il est gentil, plus il peut être précis et protecteur – immobiliser un ennemi au lieu de le tuer par exemple, etc.), sur l’état de la ville et sur certaines missions qui demandent un profil bien précis.

Petite baisse de régime…

Les Trophées du jeu récompensant en plus les deux possibilités de choix pour certaines missions, la replay value du titre n’en est qu’accrue, la durée de vie pouvant alors doubler. La gestion du Karma est donc fort appréciable même si elle aurait pu être encore plus poussée et la sensation de puissance qui se dégage de Cole est plaisante, sans compter que le gameplay est plutôt bon avec des pouvoirs assez variés et quelques idées repiquées ci et là qui font mouche. On note par exemple le fait que l’eau affaiblisse légèrement le personnage quand il rentre en contact avec cet élément ou qu’elle sert de conducteur quand il s’agit de se débarrasser de plusieurs ennemis ayant au moins un pied dans une même flaque, ou encore le fait que Cole puisse se déplacer librement dans toute la ville aussi bien au sol que dans les airs avec la possibilité de grimper facilement à tout ce qui est à porté, de s’accrocher au moindre rebord qui dépasse, d’escalader des buildings aussi facilement que Spider-Man, etc. Un petit côté Assassin’s Creed (entre autres) fort plaisant. En termes de gameplay, on regrette seulement que le système de couverture intégré soit plus handicapant qu’autre chose. Enfin, de ce côté-là, le titre reste très bon et c’est bien là ce qui compte.

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Dernier élément et non des moindres : la réalisation. Si d’un point de vue sonore il est bien difficile de reprocher quoi que ce soit, les musiques et les voix étant de très bonne facture, on ne peut pas en dire autant de l’aspect graphique. Le jeu n’est pas moche, loin de là même, mais pour une exclusivité PlayStation 3 on est quelque peu déçu de voir de l’aliasing, du clipping, des chutes de frame-rate, des textures en deçà, des modélisations assez sommaires et un character design variable allant du bon au beaucoup moins bon. Les développeurs auraient pu prendre un mois de plus (ou deux) pour réellement peaufiner le titre. Malgré tout, dans l’ensemble, le soft n’est pas désagréable à l’œil, les effets avec l’électricité sont sympas, le rendu graphique reste très correct vu la superficie de la carte et le level design est excellent (du moins celui des îles en surface, celui des égouts étant totalement banal).